Je continues ici cet article auquel je vous reporte pour les définitions, les notations et des propriétés que nous allons utiliser.
L’objectif poursuivi est de montrer que la courbure de la frontière du -épaissi d’un convexe d’un plan affine euclidien est moindre que celle de la frontière du convexe, pour autant que celle-ci soit suffisamment régulière.
Ceci est illustré sur la figure suivante, où le phénomène est nettement perceptible.
La courbe dessinée en bleu, la parabole d’équation dans le repère indiqué, délimite un convexe dont elle est la frontière. La courbe tracée en noir est celle du
-épaissi de celui-ci.
Nous considérons une partie convexe et fermée d’un plan affine euclidien orienté
. Nous supposons que la frontière du convexe est une courbe régulière
de classe
, où
est un intervalle ouvert de
.
A chaque est associé un repère de
. Son origine est
et sa base
est orthonormée et positive. Elle est formée du vecteur tangent unitaire
à
en
et de la normale
. Celle-ci s’obtient en appliquant à
la rotation d’angle
.
Le repère en question varie conformément aux équations
où la fonction est la courbure algébrique de
.
La dérivée pointe vers la concavité de
alors que
, déterminé univoquement par
et l’orientation donnée de
, ne le fait peut-être pas. Le signe de
est précisément celui qu’il faut pour assurer que
ait le bon sens. La courbure
de
est toujours positive ou nulle. C’est la valeur absolue de la courbure algébrique.
Dans notre cas, pour chaque , le convexe
est entièrement contenu dans le demi-plan délimité par la tangente à
en
vers lequel pointe
. Nous supposons que, par contre,
pointe vers l’autre demi-plan, ce qui n’est pas une restriction. En particulier,
est négatif ou nul.
On a vu dans l’article mentionné plus haut que la frontière du -épaissi de
est l’ensemble des points de
dont la distance à
vaut exactement
(nous supposons ce dernier strictement positif). Par conséquent, la frontière de
est la courbe paramétrée par la fonction
Nous allons calculer sa courbure pour la comparer à celle de la frontière de , en appliquant les équations rappelées plus haut. On a
Vu le signe de ,
de sorte que
On a donc aussi . De plus,
Ainsi
et, puisque et
,
Nous avons atteint notre but. En effet, la formule encadrée montre que , l’inégalité étant stricte si
.
La relation que nous avons trouvée est très simple mais il y a encore plus simple et intuitif. Pour rappel, le rayon de courbure de
en
est l’inverse de la courbure
. En passant aux inverses dans la relation liant
à
, il vient alors
Nous pourrions en rester là mais je tiens à vous faire part d’une observation étrange. Elle est liée à la propriété (f) établie dans l’article cité au début du présent billet : pour tous , on a
. Ceci implique que, considérant
comme une fonction
de
et
comme une fonction
de
, on doit avoir
Ceci, pour intéressant que cela puisse être, n’a rien d’étrange. On connait l’origine de cette propriété et, en outre, la vérification directe de ces formules est immédiate, singulièrement dans le cas de .
Ce qui est surprenant, par contre, c’est que est essentiellement(*) le flot du champ de vecteurs
de
et
celui de son champ
. Ces champs sont les expressions locales dans les cartes canoniques de la droite projective réelle d’un champ de vecteurs fondamental de celle-ci. Il s’agit, avec les notations de ce billet, du champ
où
Cela est-il purement accidentel ou il y a-t-il quelque chose d’intéressant se cachant derrière ce fait? Je n’en sais rien et vais donc finir ici ce billet!
😉
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(*) Je ne précise pas le domaines de , facile à déterminer. D’où cette imprécision : « essentiellement ».
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